Comment rendre compte de façon sensible des réalités des quartiers et des actions menées par les acteurs locaux ? Comment favoriser et motiver la collecte du vécu des habitant.e.s, en s’éloignant d’une injonction à la participation ? Nous avons souhaité poursuivre la réflexion entamée par nos camarades des Beaux Jours à Dunkerque, avec l’envie de remettre du sens dans les incitations à investir davantage les habitant.e.s dans la prochaine contractualisation ! L’expérimentation menée à Dunkerque visait à mieux détecter les besoins des habitant.e.s en outillant les professionnel.les de l’équipe de liaison. Nous avons souhaité tirer ce fil à Vitry-le-François : et si on était plus attentif aux façons dont s’expriment les problématiques vécues par les habitant.e.s des QPV ? Quelles pratiques sont déjà mises en œuvre par les partenaires locaux pour les recenser ? A contrario, quels seraient les besoins pour sécuriser la récolte des expressions citoyennes par les acteurs de terrain ? Quels suites et formats donner à la matière agrégée ?
Disons-le franchement, le temps nous aura sans doute manqué pour aller jusqu’au bout de cette expérimentation : qu’à cela ne tienne, nous avons tout de même souhaité confronter nos hypothèses aux retours de l’équipe DSU de Vitry-le-François! Car souvenez-vous, ils avaient largement contribué à faire naître cette idée en nous partageant leur quotidien, leurs envies d’alimenter en données « sensibles » un futur observatoire de la politique de la ville locale… mais aussi une certaine aversion pour les formes « classiques » de participation citoyenne (par manque de temps, d’outils, de moyens humains, etc) !
Chose faite le 12 décembre où nous avons profité d’un temps de travail sur l’appel à projet (lien ici) pour qu’ils nous racontent leur « go / no go » sur le sujet de la participation.
« Concrètement, je sors mon téléphone et je filme ? »
Nous avons proposé à l’équipe plusieurs hypothèses à réactions sur les intérêts perçus de cette collecte, les formats possibles et les manières de capitaliser, afin de lancer les discussions, qui ce sont très vite concentrées sur la question des moyens et des difficultés que pourraient rencontrer les acteurs de terrain !
En effet, qui dit « enquête continue » dit aussi outils et nouvelles pratiques, qui n’ont pas manqué d’interroger nos interlocuteurs :
« Je sors mon téléphone et je filme ? » – « Est-ce qu’on prend aussi en compte les doléances, comme quelque chose qui doit être suivi, ou juste les ressentis ?»
« On ne peut pas prendre une demande et noter leur nom, etc , ça casserait la confiance et l’interaction avec les gens » (partenaire côté police)
« Il ne faut pas que ça prenne trop de temps.» « Comment on fait pour que ça reste différent de l’évaluation d’une action, est-ce qu’on analyse au fil de l’eau ce qu’on collecte ? Comment on monte en généralité en valorisant le collectif ? »
« Attention à ne pas créer un nouveau « truc », il s’agit de profiter des moments qui se font déjà !»
« Est-ce qu’il faudrait se faire des « saisons » : quand des sujets chauds émergent via le partage de nos discussions ?»
« Une fiche prise de température à un instant T via un WhatsApp – en continu »
« Un doc partagé pas trop formel, sur lequel on peut revenir facilement. »
« Ça me fait penser à Better street, le logiciel de la mairie pour mettre en avant les dysfonctionnements sur la voie publique : une adaptation de ça pour exprimer la parole? »
De ces échanges sont nés plusieurs envies de test : une micro-formation partagée à l’enquête entre partenaires de terrain, prototyper des formes de restitution aux moments clefs de la contractualisation, ou encore l’idée d’un « kit quali » à destination de tous les acteurs souhaitant intégrer l’approche qualitative dans leurs pratiques, que ce soit pour avoir une vision plus fine des réalités vécues par les habitant.e.s, ou mieux rendre compte des enjeux et des actions menées sur le terrain (que l’approche purement quantitative d’une évaluation ne permet pas), une des attentes phares identifiées dans la première phase du programme Nouveaux Accords.
C’est ce dernier outil que nous partageons ci-dessous : moins comme un kit prêt à l’emploi, que comme le premier couplet d’un dialogue avec les acteurs de terrain, pour réfléchir ensuite à l’usage de ces principes dans leurs pratiques quotidiennes. Un kit synthétique conçu comme une 1ère étape donc, pour découvrir cette méthodologie issue des sciences humaines, pour en saisir ses multiples usages, comprendre combien les questions de posture sont aussi essentielles que celles des techniques, et découvrir combien les outils de collecte peuvent être variés et créatifs (verbatims, photos, vidéos, témoignages sonores…).
A télécharger ci-dessous !
Pour allez plus loin sur le sujet de la collecte, c’est par contre vers les scénarios de suite de l’équipe Dunkerque que l’on vous invite à plonger ! Ça se passe ici !